Le pluralisme comme outil de suivi et de mise en œuvre inclusifs en Colombie

En septembre 2022, le Centre mondial du pluralisme a eu l’honneur de participer à une retraite de trois jours à Cali, en Colombie, en compagnie d’un réseau de femmes issues de communautés ethniques appelé « Femmes de la Commission ethnique qui retournent aux sources ensemble » – Mujeres de la Comisión Étnica (MCE). L’événement a rassemblé des membres de la Commission ethnique pour la paix et la défense des droits territoriaux en provenance des quatre coins de la Colombie. Ces groupes défendent les intérêts des femmes, des jeunes et des personnes âgées dans le cadre du processus de paix colombien. Le principal objectif de la retraite était d’offrir aux femmes la possibilité d’échanger sur la manière dont leurs diverses perspectives peuvent être intégrées et prises en compte dans la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord de paix colombien de 2016. Leur approche pour faire avancer les droits des femmes est particulièrement holistique et intègre explicitement des perspectives sexospécifiques éclairées par leurs expériences familiales, de genre et multigénérationnelles.

Femmes, famille et générations

MCE reconnaît que les femmes ont toujours été et continuent d’être les défenseuses de leurs peuples, territoires et communautés, tout en étant le groupe le plus exposé à la violence, à la discrimination et au racisme. Par conséquent, il est essentiel que ce réseau de femmes afrodescendantes, autochtones et issues de la diversité des genres participe de manière significative à la mise en œuvre du chapitre ethnique. Ce n’est qu’avec leur pleine participation que l’accès à la justice, aux réparations et aux garanties de non-répétition sera assuré, le tout devant être géré dans une perspective tenant compte de la famille, du genre et des générations.

La retraite proposait d’associer les enseignements traditionnels à l’expertise technique dans le domaine du suivi des droits de la personne. Elle a permis aux personnes travaillant sur les droits des peuples ethniques d’apporter une contribution directe quant à la voie à suivre pour MCE, alors que l’organisation cherchait à formaliser son programme. Le Centre mondial du pluralisme s’est vu offrir un espace pour participer à des ateliers tout au long de la retraite et pour présenter et discuter du Moniteur mondial du pluralisme et de ses conclusions sur la Colombie. Le Centre a utilisé une approche participative pour la présentation en passant en revue la méthodologie du Moniteur mondial du pluralisme, puis en répartissant les participantes en groupes pour discuter d’un aspect de la méthodologie et l’appliquer à leurs communautés et à leur travail. Le travail de groupe a fourni un retour d’information crucial sur l’utilité du Moniteur mondial du pluralisme, et a permis de déterminer comment ce type d’évaluation pourrait éclairer le travail de MCE. Dans l’ensemble, les membres de MCE ont estimé que le Moniteur mondial du pluralisme était utile. Elles ont reconnu que la méthodologie du Moniteur tient compte du pluralisme et du statut de leurs groupes ethniques en Colombie, et ce, à travers de nombreuses dimensions différentes telles que le droit international et national, la politique et le leadership, les inégalités entre les groupes et l’appartenance entre les peuples ethniques et la société colombienne dans son ensemble.

Un partenariat émergent

MCE a ensuite proposé d’établir un partenariat avec le Centre mondial du pluralisme pour adapter le Moniteur mondial du pluralisme afin de suivre la mise en œuvre du chapitre ethnique sous l’angle des femmes, de la famille et des générations, et aborder d’autres questions non traitées dans les mesures de mise en œuvre du chapitre ethnique. MCE considère le partenariat avec le Centre comme un moyen d’accroître sa visibilité et de bénéficier d’une expertise technique pour adapter le Moniteur mondial du pluralisme à sa situation. L’objectif du cadre développé par MCE est d’attirer l’attention à ce qui se passe dans des régions telles que Choco, en Colombie, où les gens travaillent sans relâche pour la paix en ne recevant que peu de reconnaissance ou de soutien de la part des partenaires nationaux et internationaux. MCE estime que la création de son propre système de suivi permettra aux organisations locales et populaires, qui œuvrent toutes pour faire avancer la cause des femmes, de la famille et des générations, de se faire enfin entendre sur la scène nationale et internationale. Une participante s’est exprimée ainsi : « Nous racontons sans cesse nos histoires, les ancêtres sont épuisés ».

Adapter le cadre du Moniteur

L’adaptation du Moniteur mondial du pluralisme par MCE inclura des aspects spirituels et développera une manière inclusive et pertinente d’analyser la vie des femmes issues de communautés ethniques; une approche qui est ignorée dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Le cadre de suivi de MCE intégrera les modes de connaissance autochtones et afrodescendants qui tiennent compte des relations sociales et communautaires, ainsi que de l’histoire et des mémoires collectives issues des territoires. L’adaptation du Moniteur mondial du pluralisme par MCE veillera également à ce que sa méthodologie soit applicable et utile pour les organisations non gouvernementales et les organisations de la société civile locales. Pour tester le cadre de MCE, un projet pilote sera mené dans la région de Choco, en Colombie, et l’objectif de MCE est que les résultats soient utilisés dans l’élaboration des politiques. Cela permettra de s’assurer que toute politique ayant une incidence sur leur vie s’adresse aux survivants et aux survivantes du conflit et s’appuie sur les voix des survivants et des survivantes dans les territoires.

Ce travail passionnant est en cours et le Centre fournira des mises à jour au fur et à mesure de l’avancement du projet.