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Le pluralisme et l’importance des voix territoriales en Colombie

Découvrez notre travail avec CODHES pour accroître la visibilité des personnes touchées par un faible degré de pluralisme.

Rajvir Gill

La partie la plus fascinante à partager le Moniteur mondial du pluralisme et ses résultats avec les pays du monde entier est de voir les différentes façons dont il peut être utilisé et mis en œuvre pour faire avancer le pluralisme. Conformément à l’engagement du Centre mondial du pluralisme (le Centre) visant à suivre les directives des parties prenantes et des partenaires locaux, les activités de mobilisation en Colombie ont mis en évidence la nécessité d’une visibilité et d’un soutien accrus pour les personnes les plus touchées par un faible degré de pluralisme au sein d’une société.

Le rapport du Moniteur mondial du pluralisme sur la Colombie se penche sur les divers groupes que sont les peuples autochtones, les Afrodescendants, les campesinos (paysans) et les Roms. En réfléchissant à la meilleure façon de travailler avec la Colombie, le Centre s’est demandé comment présenter le rapport à ces groupes directement pour leur demander ce qu’ils en pensent et s’ils se sentent représentés dans les conclusions générales. La réponse a été trouvée grâce à un partenariat avec Consultoría para los Derechos Humanos y el Desplazamiento (CODHES), un groupe de réflexion indépendant, à but non lucratif, spécialisé dans la recherche et le plaidoyer, qui s’efforce de faire avancer la démocratie, la bonne gouvernance et la croissance économique inclusive en Colombie. La mission de CODHES est conforme aux objectifs du rapport du Moniteur, car son travail porte actuellement sur la consolidation de la paix, les déplacements et les solutions créatives pour favoriser des approches positives pour traiter la diversité ethnique et culturelle en Colombie.

Le pluralisme et les garanties de non-répétition

Après avoir examiné le rapport du Moniteur, CODHES a trouvé des possibilités de collaboration avec le Centre. Cette collaboration s’est concentrée sur des activités de discussion et sur l’application des conclusions et des recommandations relatives aux garanties de non-répétition (GNR) figurant dans le rapport final de la Commission de la vérité en Colombie (CEV). Les mesures de la CEV concernant les GNR sont liées au pluralisme et à l’inclusion. Les GNR comprennent la nécessité d’un changement structurel et d’une participation démocratique pour les peuples ethniques. Ces changements dans la société colombienne contribueraient à faire avancer le respect de la diversité et du pluralisme. En outre, les recommandations relatives aux GNR privilégient également les questions de genre en examinant les facteurs ethniques, culturels et politiques qui favoriseraient l’égalité et les droits des femmes. Il s’agit d’une approche plus globale pour faire avancer les droits des femmes, qui intègre les perspectives familiales, sexospécifiques et générationnelles des femmes.

À cette fin, le Centre a organisé, dans les territoires du Pacifique et des Caraïbes, deux ateliers avec des leaders sociaux s’identifiant eux-mêmes comme des représentants/leaders/porte-parole d’organisations régionales/territoriales de défense des droits des femmes, de communication et d’organisations communautaires afrodescendantes et autochtones. Une grande proportion d’Autochtones et d’Afrodescendants résident dans ces régions. Les ateliers étaient interactifs et collaboratifs, les leaders sociaux travaillant ensemble pour appliquer la méthodologie du Moniteur mondial du pluralisme à leur contexte et proposer des commentaires sur l’évaluation nationale du Moniteur. Les deux ateliers ont reconnu l’existence de lacunes normatives, même au sein des communautés vulnérables en tant que telles. Par exemple, il existe des protections plus importantes pour les populations autochtones dans certaines circonstances que pour d’autres types de diversité au sein du pays. La discussion a porté sur le fait que les taux de reconnaissance, de respect et de protection de la diversité sont extrêmement faibles, même en présence de protections et d’engagements juridiques et constitutionnels. Pour tous les participants, le pluralisme ne constitue pas seulement une garantie. Le pluralisme, c’est l’autonomie, l’unité au sein des divers groupes et entre ceux-ci, ainsi que des mécanismes d’autogestion garantissant que leurs problèmes sont traités en priorité. Ils ne veulent pas se contenter de participer, ils veulent diriger et assurer la mise en œuvre des GNR.

Appliquer le Moniteur mondial du pluralisme

À l’issue de ces ateliers, les organisations d’Afrodescendants, d’Autochtones et de paysans des régions du Pacifique et des Caraïbes ont proposé un cadre de suivi créé par leurs propres communautés pour mesurer les GNR. Ce cadre permet de mesurer les progrès accomplis dans leurs territoires en ce qui concerne les GNR et d’utiliser leurs propres approches méthodologiques fondées sur leurs expériences. L’approche du Moniteur mondial du pluralisme a trouvé un écho auprès de ces organisations en raison de sa capacité à tenir compte de divers groupes et indicateurs sur le statut du pluralisme. Les leaders sociaux participant aux ateliers estiment que la seule façon d’améliorer les conditions de vie des habitants des territoires est de disposer de données précises, recueillies par et pour les communautés, et de faire participer ces dernières. Par conséquent, le suivi du pluralisme à l’échelon territorial peut fournir une base de référence plus précise pour mesurer l’efficacité des GNR. Les personnes qui ont participé à l’atelier sur la côte des Caraïbes ont reconnu l’utilité du cadre du Moniteur à l’échelon territorial, mais ont souligné les facteurs qui différencient leur situation de celle de la côte du Pacifique. Par exemple, les participants afrodescendants à l’atelier des Caraïbes ont noté que leurs expériences sont invisibilisées par rapport aux Afrodescendants du Pacifique, et que l’évaluation du pluralisme dans le pays doit tenir compte de cette exclusion.

Afin de partager les recommandations et les observations des ateliers avec les responsables politiques et les décisionnaires, CODHES a organisé un forum national à Bogota, réunissant des représentants des deux ateliers qui ont présenté leurs réflexions sur le Moniteur, son applicabilité quant aux GNR et leur travail dans les territoires. Ils ont également souligné le soutien nécessaire de la part du gouvernement pour que le suivi territorial devienne une réalité. Le Centre peut continuer à faciliter la mise en relation des habitants des territoires avec les décideurs politiques dans la capitale du pays, car ce soutien est essentiel. Les ateliers et le forum démontrent que garantir la paix et un développement équitable en Colombie nécessitera impérativement une participation territoriale.